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Mon dernier post, « le nerf de la guerre », traitait de la difficulté pour un entraineur de gérer les temps de jeu. Pour illustrer mon propos, j’ai retrouvé ce texte écrit par Jacques Vergnes (dont je ne connais absolument pas la biographie), que je vous fais partager in extenso :

Quand retentit le sifflet des trois minutes, tu quittes le terrain à regret. Anonyme parmi les dix, tu t’es échauffé et l’adversaire t’a observé comme les autres, appréciant ton shoot, détaillant ton physique. Maintenant, tu sais que tu vas laisser la lumière aux autres et tu renfiles ton survêt pour prendre ta place au bout du banc.

 

Tu te relèveras à la mi-temps pour « toucher » encore ce ballon que tu aimes, mais tu as froid et tu es triste. Aux temps-morts, tu te lèves, porteur d’eau, un mot d’encouragement aux lèvres. Tu sais déjà si aujourd’hui tu joueras ou ne joueras pas. Jouer, Oh pas beaucoup bien sûr, mais peut-être un peu. Le manager évite ton regard et toi tu ne cherches plus le sien. Tu es seul dans ton équipe.

 

Le match fini, tu te rhabilles dans ton coin, enviant la sueur qui ruisselle et l’indignation bruyante d’une cinquième faute qui serait pour toi synonyme de bonheur ! Tu reprends le car du retour les yeux perdus au loin dans un rêve de dribbles et de filet qui crisse. Au prochain entrainement, pâle copie d’une compétition qui se refuse à toi, tu joueras à nouveau, te réchauffant enfin à la chaleur du groupe de l’amitié.

 

Moi, le manager, je voulais te dire que je pense à toi. Tu m’en veux chaque fois et me détestes souvent. Je t’ai vu pleurer, m’insulter parfois à deux minutes de la fin quand je t’ai enfin regardé. Je sais ce que tu éprouves parce que moi aussi j’ai connu le bout du banc. Il faut que tu saches que sans toi, le basket n’existerait pas et il n’y aurait pas d’équipe.

 

Le manager lui aussi est seul dans ce sport cruel qui exige de lui à la fois de choisir et de condamner. Il doit gommer ses amitiés, ses tendresses parce qu’on lui demande de faire en sorte qu’il tire le meilleur parti des forces et faiblesses de l’équipe qui l’entoure. Il juge, estime et décide et tout ce qui est subjectif engendre critiques et incompréhension. Aussi – et c’est humain – il se prend au jeu et manage « pour gagner », pour la petite parcelle de mérite qui lui revient dans le succès obtenu.

 

Je n’aurai sans doute rien changé pour toi par ce petit mot mais il fallait que je te le dise. Pour me disculper peut-être, pour toi sans doute qui, loin de moi, te sens oublié, rejeté, trahi et près de qui je n’ose m’asseoir la fête finie. Puisse l’espace d’un temps nos regards ne plus se fuir et qu’autour de toi tu rencontres plus de sourires, de chaleur et d’encouragements.

 

Pour qu’il fasse moins froid tout au bout du banc.

 

Jacques VERGNES

Publié par Frank Cambus

Passionné de basket, collectionneur à mes heures, j'empile les magazines et livres de basket autant que Jojo enfilait les paniers ou Stockton les passes... Il est temps de les ressortir et de les partager!

4 commentaires

  1. Servais Jean-Pierre janvier 12, 2012 à 4:30

    Le Basket-Club Saint-Hubert a publié ce texte le 1er février 1991 dans le n° 9 de son bi-mensuel « Le Rebond ». Mais sans pouvoir indiquer de référence : mpossible de savoir qui le lui avait communiqué et qui l’avait écrit.
    Le n° 9 de cette saison va pouvoir rendre justice à l’auteur.

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