08/11/2009
La phase retour a commencé, les résultats sont toujours aussi catastrophiques (sinon ça n’aurait pas été « une saison en enfer »), mais nous prenons tous un peu plus de recul sur la situation, nous en venons même à nous amuser. De plus les jeunes commencent à progresser petit à petit, et nous sommes beaucoup moins ridicules sur le terrain.
Février 1999
Alors que la phase retour est bien entamée, des évolutions se font ressentir : nous n’avons toujours pas gagné de matchs, mais nous ne perdons plus dans les très grandes largeurs comme en début de saison. Nous arrivons à contenir nos adversaires en dessous des 100 points, et offensivement, la marque est mieux répartie.
Les anciennes gloires nous ont abandonnés, et Fabrice et moi faisons office de vétérans du haut de nos 21 et 22 ans. Nous jouons toujours en effectif réduit, à 7 ou 8 grand maximum, avec toujours nos jeunes cadets. Ceux-ci commencent à prendre confiance et trouvent leurs marques. De fait, en tant que meneur de jeu, je suis moins réticent à leur confier le ballon, d’autant que les adversaires nous ont ciblés, Fabrice et moi, et que nous avons moins de liberté pour scorer.
J’endosse donc un rôle différent, plus distributeur, ce qui en plus ne me déplait pas.
Le calendrier retour nous amène à jouer le match retour contre Réjaumont, là-bas. Cette équipe n’a gagné qu’un match (contre nous bien entendu), et, pour rappel, a utilisé quelques moyens antisportifs pour parvenir à ses fins (Dont un magistral coup de poing en pleine figure délivré à mon coéquipier Fabrice).
Vu les progrès effectués, nous nous déplaçons en espérant bien sûr remporter le gain du match, mais en redoutant un accueil délicat, vu les circonstances dans lesquelles s’étaient déroulées le match aller.
Mon père nous amène au fin fond du Gers en voiture. Nous trouvons un panneau indiquant Réjaumont, au dessus de Castéra-Cézan. Nous rentrons dans le village, sommes attentifs pour chercher le gymnase… Et nous sortons du village. Une seule route le traverse, nous avons du passer la salle sans l’apercevoir. Demi-tour, et nous nous arrêtons dès que nous apercevons un joueur de l’équipe adverse, reconnaissable avec son survêtement à pression aux couleurs bleues et jaunes réjaumontaise. Celui-ci se dirige vers un hangar.
Misère, nous allons jouer dans une salle vétuste !
Mais ça, c’était avant de rentrer à l’intérieur de la salle… C’était pire encore! Il s’agissait (dans mes souvenirs) d’une cour d’école couverte ! Deux vieilles planches en bois, un sol goudronné, des fenêtres à l’intérieur de la salle donnant certainement sur les salles de classe, et un minuscule vestiaire, avec une seule douche !
Bref, le match commence, et même si les locaux ont un comportement moins violent qu’au match aller, on se fait sévèrement savater lorsqu’on s’approche du cercle. Comme en plus le seul arbitre de la rencontre décide de laisser jouer, cela ne nous aide pas beaucoup. Nous manquons cruellement de vice, par rapport à cette équipe sans génie mais expérimentée, et nous cédons à la provocation. Alors que nous produisons une première mi-temps correcte, nous lâchons complètement en deuxième période pour nous incliner de 20 points. Fabrice en vient même à tirer du milieu du terrain pour montrer sa frustration concernant les fautes non sifflées…
La seule victoire que l’on pouvait légitimement espérer dans la saison nous file sous le nez.
Mars 1999
La semaine suivante, début mars, nous affrontons le Carla Bayle, alors premier ou deuxième du championnat. Bien que nous ne nous fassions pas d’illusions sur le résultat final, nous arrivons à les tenir pendant les trois quart du match. Ce n’est que la sortie de Fabrice pour cinq fautes qui sonne le glas pour nous. Les ariègeois mettent un coup d’accélérateur, et nous prenons vingt points dans la vue.
Sur ce match, fait étrange, toute l’attention défensive était focalisée sur moi. Je ne m’en rendais pas compte à ce moment-là, mais les carlanais m’ont fait passer un test. Je les intéressais pour la saison suivante. Ma performance du match aller avait attiré leur attention.
Je me rappelle n’avoir rien forcé, avoir « seulement » marqué une quinzaine de points, mais avoir surtout tenu la baraque en faisant jouer mes coéquipiers. En tout cas, j’étais satisfait de ma prestation.
La saison touche à sa fin avec son lot de désillusions, nous passons près de la victoire face à deux équipes, mais nous n’arrivons pas à conclure… Jeunesse de l’effectif ? Peur de gagner ? On ne sait pas gérer les situations problématiques de fin de match serré. Nous sommes à la fois frustrés, mais aussi satisfaits après coup de nos progrès.
Avril 1999
Petit arrêt sur le dernier match de championnat.
Nous concluons notre saison sur un déplacement à Tarbes, fief du basket féminin de haut niveau. Nous jouons dans la magnifique salle du Quai de l’Adour, ce qui tranche avec certains gymnases vétustes où nous avons évolué toute la saison.
Le match en lui-même n’a rien d’exceptionnel, nous le perdons bien entendu, on ne change pas les bonnes habitudes. Ce qui aura été marquant, c’est les “honneurs” que nous aurons eu dans la presse locale !
En effet, on m’a fait parvenir dès la semaine suivante un article parut sur le quotidien « Sud-Ouest ». Celui-ci est particulièrement marrant, le journaliste s’étant lâché sur la pauvreté du match et la maladresse des deux équipes quant à la finition. Je me suis même fait traiter « d’arroseur », « de grand pourvoyeur de shoots » qui « loupa la cible trois fois plus qu’il ne la toucha ». Et encore, il aura été moins tendre avec les tarbais, qu’il connaissait apparemment bien pour les avoir suivi toute la saison !
Et voilà, le rideau est presque retombé sur cet acte 1998-1999. 0 (zéro !) victoires pour 22 défaites. Des écarts conséquents (jusqu’à 99 points de débours sur un match), mais des progrès conséquents et des matchs un peu plus serrés en deuxième partie de championnat.
Avant de clore définitivement la saison, nous avons un dernier baroud d’honneur à effectuer : une triangulaire avec les deux autres équipes mal classées. Le vainqueur du tournoi sauve sa peau pour la saison suivante, l’enjeu est donc de taille.
Nous voilà donc partis dans le Tarn-et-Garonne, jouer contre Caussade et Montpezat de Quercy.
Le premier match de la matinée se déroule plutôt bien pour nous, puisque nous menons face aux caussadais. Cette rencontre marque le retour de François, une des vieilles gloires avec qui je m’étais copieusement engueulé en cours de saison avant qu’il n’arrête.
Nous arrivons à produire un basket de bonne qualité, mais malheureusement, mon coéquipier Fabrice pète encore les plombs, et prend une faute technique, qui est aussi sa cinquième avant la fin du match. Cela nous condamne et nous échouons de trois petits points sur le fil.
Retour aux vestiaires. Pour la première fois de la saison, je craque.
Toute l’année, j’ai tenu bon, je me suis donné à 100%, j’ai fait face aux critiques ou aux moqueries qu’ont pu engendrer nos résultats, je sortais de tous les matchs la tête haute.
Mais là, c’était de trop, j’ai eu besoin d’évacuer toute la tension accumulée.
Je me suis effondré, j’ai pleuré.
Tous mes coéquipiers ont été surpris de ma réaction. Pour tous, ce n’était pas grave, ce n’était qu’une défaite de plus.
J’avais par contre l’espoir de faire gagner mon équipe. Une fois. Juste une fois.
Ce n’était pas fini, il nous restait encore un match à disputer l’après-midi face aux hôtes de la triangulaire. Touchés par ma détresse à l’issue du premier match, mes coéquipiers ont décidé de passer la vitesse supérieure. Même Fabrice a décidé de faire profil bas et a joué de manière sobre et efficace : juste un alley-hoop, plus de tirs deux mètres derrière la ligne. Pour la petite histoire, le coach me sort à sept minutes de la fin du match, pour faire tourner. Ce seront les seules minutes que je passerai hors du terrain cette saison-là !
Nous avons trouvé (enfin) un collectif qui nous a (enfin) ouvert les portes de la victoire !
Peut-être pour rien, puisqu’en théorie seul Caussade, le vainqueur de la triangulaire est sauvé. Nous apprendrons par la suite que nous avons été repêchés, grâce certaines équipes qui ne se réengageront pas en championnat l’année suivante.
Nous nous serons maintenus avec 1 victoire et 23 défaites ! Mais nous aurons finalement gagné la plus importante.
Mai 1999
Comme je m’y attendais, le club du Carla Bayle, promu en promotion excellence région me contacte. L’offre sportive proposée par le président de l’équipe ariègeoise me séduit, avec un recrutement fort intéressant, tant au niveau du coach que des autres joueurs.
J’annonce à Montréjeau mon départ pour le Carla Bayle, en redoutant des remontrances des dirigeants. Il n’en fut rien.
J’ai même été surpris des compliments qu’ils m’ont adressés pour avoir tenu la saison, et ils m’ont souhaité beaucoup de réussite dans mon nouveau club.
J’appris par la suite que les Aiglons allaient retrouver de leur superbe dès l’année suivante, en récupérant tous les joueurs qui étaient partis un an dans le club voisin de St Gaudens. Tous mes anciens coéquipiers de l’UMCB, avec qui j’avais joué l’année précédente, ont décidé de revenir au bercail. Nous nous serons finalement croisés… Dommage.
Il n’était plus temps d’avoir des regrets de ne pouvoir retrouver ces joueurs, un autre projet me tendait les bras, dans la division supérieure.
Je ne le savais pas encore, bien que je m’en doutais, mais la saison qui s’annonçait allait terriblement contraster avec celle que je venais de vivre, même si tout n’allait pas être rose ou facile. Une nouvelle expérience m’attendait, à moi de confirmer les progrès individuels et ma nouvelle disposition mentale face à la compétition.
J’ai tenu à faire remonter ces souvenirs, 10 ans après, dans ce blog. Cette saison m’aura marqué, tant par la frustration des résultats que par les progrès que j’ai effectué en tant que joueur.
Elle fut riche en émotions, en rebondissements, en moments marrants, ou tragiques. C’est pourquoi j’ai voulu la retranscrire en quatre parties, en faire un résumé n’aurait pas été suffisamment fidèle.
10 ans après, j’en conserve une trace indélébile, marquée non plus du sceau de la honte, mais d’une profonde tendresse, et c’est ce que j’ai voulu faire partager.
Merci à tous ceux qui auront pris le temps de le lire, merci à tous ceux qui auront laissé des commentaires sur chacun des posts, et surtout merci au basket de nous faire vivre autant de moments intenses.