La saison 1995-1996 des Spacer’s laisse un goût d’inachevé. Bien que Champions de France de ProB, la montée dans l’élite se refuse à eux, au bénéfice de l’Elan Chalon, 1er de la saison régulière. Bien déterminés à continuer leur marche en avant, les toulousains bâtissent une équipe plus que solide pour dominer la ProB, et pourquoi pas assurer un doublé.
5ème à l’issue de la saison passée, Toulouse rénove de fond en comble son effectif afin d’asseoir ses ambitions. Ainsi David Booth, meilleur scoreur et MVP de ProB, signe à la JDA Dijon dans l’élite (où il terminera All Star et meilleur marqueur de ProA 1997), alors que d’autres joueurs tels David Caulet, Oihab Bendib, Ahmed Gharbi ou encore Cyr Gbaguidi rejoignent des divisions inférieures.
Restent à l’appel chez les champions de France ProB 1996 les meneurs Christophe Soulé et Ali Bouziane, l’expérimenté Jean-Aimé Toupane, les intérieurs Christophe Oyié et Khari Jaxon et le coach Laurent Buffard.

Autour de cette base, les dirigeants affirment leurs ambitions, avec un recrutement de qualité. Toulouse accueille en effet Forrest McKenzie, un américain naturalisé français, passé brièvement par les San Antonio Spurs (6 matchs en 1986-1987) avant de venir faire des ravages sur les terrains hexagonaux (27,6 pts par match à Gravelines en 90-91 notamment). Pour renforcer le secteur intérieur, c’est le suédois Tobjörn Gehrke et l’ancien joueur de Gravelines, Laurent Rufier, qui complètent la raquette. Notons aussi l’arrivée de Cédric Bertorelle, neveu de Louis Bertorelle, l’ancien international qui a fait les beaux jours de Caraman et du RCMT dans les années 50 et 60.

Mais la recrue phare reste le « lévrier des Mauges », légende à Cholet dans les années 80, Graylin Warner. Celui-ci présente un profil de joueur polyvalent, apte à scorer comme à se fondre dans un collectif. Après avoir emmené Hyères-Toulon en finale de ProB la saison dernière, échouant face à Toulouse, il rejoint les Spacer’s pour leur apporter une dimension supplémentaire.

Une préparation de champion
Ils l’ont dit, ils l’affirment, ils ont des ambitions. Pour illustrer cela, un match de préparation va notamment avoir lieu à Toulouse, et pas des moindres!
En effet, les Spacer’s accueillent le 23 août l’équipe championne d’Europe en titre, le Panathinaïkos!

Cela marque le ton de la saison, Toulouse veut côtoyer les plus grands. Et vite. N’oublions pas que les dirigeants ont annoncé au début du projet « Spacer’s » que l’objectif est d’être européen à l’horizon de l’an 2000.
Une saison sans difficultés majeures
L’accession en ProA se joue à nouveau uniquement sur la saison régulière. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les Spacer’s ont tué le suspense, marchant allègrement sur la concurrence.
Un bilan de 27 victoires en 30 matchs, avec une moyenne de 87,1 points marqués par match (meilleure attaque) et 72,9 points encaissés (meilleure défense). La marque est plutôt bien répartie autour de Graylin Warner (20 points à 57%, 5,8 rebonds et 3,7 passes par match) et Khari Jaxon (17,6 pts à 62% et 8,9 rebonds). Rufier apporte 11 points par match, McKenzie, Gehrke et Toupane entre 8 et 9 points de moyenne chacun alors que Christophe Soulé joue les chefs d’orchestre avec 7,4 passes décisives par match.
La saison est donc logiquement remportée haut la main par les Spacer’s (le second au classement, l’ESPE Châlon en Champagne finissant avec 8 défaites), il est temps de faire place aux playoffs.
Une saison sans heurts? Tout va bien? Pas tant que ça finalement.

Déjà, Toulouse est éliminé en 1/16ème de finale de Coupe de France contre Caen, 90 à 80, pourtant bon dernier de ProB. Un autre gros nuage apparait dans ce ciel bleu toulousain : la blessure de Christophe Soulé à 8 journées de la fin du championnat (rupture des ligaments croisés). Bien qu’Ali Bouziane (21 ans) assure le relais de Soulé, et prend de plus en plus de responsabilités au sein d’une équipe en pleine bourre, il est nécessaire d’avoir un autre meneur en complément capable de faire jouer cette équipe conquérante.
Pour remplacer le meneur de jeu à l’orée des playoffs, les dirigeants jettent ainsi leur dévolu sur Philippe Urie, qui a déjà évolué plusieurs saisons en ProA, notamment au Mans.
Des playoffs plus compliqués
Qualifié de justesse en playoffs, Hyères-Toulon vient prendre sa revanche de la finale perdue l’année précédente lors du premier tour. Las, ce seront deux défaites pour les Varois (78-63 et 88-94), qui laissent s’envoler les Spacer’s en demi-finale de ProB.

En demi, Toulouse rencontre le Havre. Cette équipe va lui poser plus de problèmes et sera écartée en 3 manches (2-1 pour Toulouse). Et pourtant, lors de la première rencontre au Palais des Sports, gagnée 90 à 77, les Spacer’s avaient été tellement faciles que l’on pouvait penser que ce tour de playoffs n’allait être qu’une formalité. C’était sans compter l’abnégation du solide Eric Mudd (21 points et 8 rebonds sur le premier match) et l’adresse de Vincent Collet (18 points), futur coach de l’Equipe de France. En effet, ces derniers et leurs coéquipiers poussent les Spacer’s à une « belle », après avoir remporté la victoire 83-76 lors du second match au Havre. Et c’est bien à Toulouse que la victoire 88 à 75 va propulser les locaux en finale de ProB.
Leur deuxième consécutive.
Une finale non maîtrisée
Maurienne Savoie Basket, 3ème de la saison de ProB, va vivre sa première finale face à l’ogre toulousain. Le club savoyard joue au gymnase d’Aiguebelle, petit village de 848 habitants. Deux fois moins de budget que les Spacer’s (5 millions de francs contre 10 millions de francs pour Toulouse*), 1400 spectateurs en moyenne contre 2200 au petit Palais des Sports…
Duel disproportionné n’est-ce pas?
Et pourtant, c’est bien mal connaître cette équipe savoyarde qui va bousculer la hiérarchie! Portée par Franck Bouteille, arrivé de Roanne à l’intersaison et du productif pivot Stanley Brundy, Maurienne va déboussoler les Spacer’s lors du premier match joué à Toulouse.

Victoire sur le fil 80 à 77 pour Maurienne, les toulousains ne trouvant pas la mire à trois points (5/20). Mauvais départ, trop d’approximation… La vaillance des intérieurs toulousains n’a pas suffit à contenir le match de titan de Brundy (30 points et 12 rebonds).
Il ne reste plus qu’à aller chercher un match d’appui en allant gagner dans le petit gymnase d’Aiguebelle… Plus facile à dire à qu’à faire…
Et les Spacer’s vont être confrontés à la dure réalité. Face à une équipe motivée par un public surchauffé, Toulouse va balbutier son basket et s’incliner 64 à 56.
Seulement 56 points marqués !
Très loin des standards habituels. Seul Khari Jaxon dépasse la dizaine sur ce match (14 points) alors que Jim Bartels, Benoit Georget, Franck Bouteille et Stanley Brundy assurent entre 11 et 15 points chacun.
Il n’y aura pas de match d’appui, et Maurienne Savoie Basket peut savourer ce titre remporté avec le coeur face à l’armada toulousaine. Cela ne remet pas en question l’accession en ProA des Spacer’s, qui vont ensuite connaitre deux saisons plus compliquées avant de disparaître.
- Budget de Maurienne: 5 millions de francs = environ 762 000 euros
Budget de Toulouse : 10 millions de francs = environ 1 524 000 euros
[…] Toulouse a dominé la saison précédente en ProB, et acquis assez aisément son accession dans l’élite malgré la défaite en finale face à Maurienne qui laisse un petit goût amer. Mais ne boudons pas notre plaisir, les Spacer’s sont là où ils doivent être, au plus haut niveau, et avec l’ambition d’accéder à l’Europe d’ici l’an 2000, qu’on se le dise ! […]
[…] La saison pleine d’ambition des Spacer’s : Auréolés du titre de champion de France de ProB en 1996, les Spacer’s veulent confirmer et accéder à l’élite pour la saison suivante. Cet article retrace leur parcours en 1996-97. […]